mercredi 14 janvier 2009

Pendant l'hiver, la plage.

Depuis la rentrée de septembre, le cinéma nous a offert quelques unes de ses bonnes créations ; de celles qui passent un peu inaperçues ou en tout cas trop vite car une semaine de promotion a déjà chassé l'autre, avant que le spectateur n'ait eu le temps d'acheter son billet ! Mais aussi de celles que, dans quelques années, repassant sur les grands ou petits écrans, les critiques nous diront comme souvent : "un bon petit film qui n'a pas trouvé son public lors de sa sortie" ou encore "bien meilleure que ce qu'en avait dit la presse à l'époque" !

Chefs d'oeuvre ? Certes pas tous, mais toujours intéressants par un regard, une atmosphère, un angle de vue, un rythme ...

Au hasard des images encore en tête. Le premier jour du reste de ta vie, bien tricoté avec la sensibilité raffinée de J. Gamblin et Zabou Breitman. Le silence de Lorna, des frères Dardenne, impressionnant par l'univers sordide de ceux qui ne peuvent survivre que par l'immigration. L'honorable reconstitution des espoirs et des craintes des gens simples et vrais du Front Populaire, par G. Jugnot dans Faubourg 36. La juste restitution du paradoxe Coluche, dans l'hisoire d'un mec, écartelé entre la sincérité de la dérision et les exigences d'une prise de pouvoir ; au point de jeter l'éponge et les gants de boxe qu'il chaussait pour jouer sur son violon l'évanescent "temps des cerises" !

Beauté cruelle que Le monde moderne de Depardon ! Belle vie de gens pauvres mais pas de pauvres gens ! Puis en écho, bien que sans ressemblance, un regard autre sur Les grandes personnes, tenu à bout de bras par le subtil Jean-Pierre Daroussin. Aux antipodes, se situe le film raffiné de Pascal Thomas, Le crime est notre affaire. Et c'est tellement l'affaire de son duo Catherine Frot/André Dussolier, charmant, charmeur, bref délicieux, que ... mon petit doigt me dit qu'il reviendra, sans tarder.

Entre les murs, lieu de débat et de combat entre un prof et ses élèves, m'a semblé plus un moment sociologique qu'une création artistique originale. Il s'inscrira dans cette lignée des palmes d'or qui portent témoignage d'une époque et de ses interrogations. De la classe aux Bureaux de Dieu, on passe à d'autres huis-clos, avec ses drames poignants, intimes, confrontés aux tabous d'une société prétendue sans tabou.

Quelques autres titres pourraient compléter cette collection d'automne, mais quoi de plus jubilatoire que les Plages d'Agnès ? Agnès Varda bien sûr, photographe et réalisatrice de 80 ans, jeune et fraîche d'esprit pour évoquer toute une vie d'artiste. Autoportrait sans autosuffisance. Son film enjoué, surprenant, décalé est scandé par les plages qu'elle a aimées, parcourues, filmées ou photographiées. Et quels cadrages, quelles lumières, quel art de la peinture et de la mise en scène ! Du soleil en hiver : "une pure merveille" selon un journaliste de Marianne. "Un chef-d'oeuvre au sens noble et artisanal du terme. Avec sa poésie rieuse et son humour baroudeur, Agnès sait inventer, se réinventer comme seuls les grands magiciens savent le faire." Paris-Match

Quoi de plus vrai ! A consommer sans modération.

Zarafouchtra

1 commentaire:

  1. Tous ces films qui ont attiré mon attention et puis comme tu dis, la semaine de promo passée tombent dans l'oubli ...Peut-être les verrai-je en DVD ! Heureusement qu'ils ont quand même quelques spectateurs comme toi pour nous en faire l'éloge !

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