vendredi 16 janvier 2009

Les docteurs imaginaires de la finance

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Pourquoi ai-je gardé un souvenir impérissable du "Malade imaginaire" de Molière ? Sans doute parce que j'ai vu la pièce alors que j'étais encore très jeune. Plus certainement encore parce que Jean Dasté en était l'immense acteur principal.

Depuis des années, mais encore plus fortement depuis la crise financière de l'automne, je pense à cette comédie-là, lorsque j'entends les experts de l'économie et de la bourse expliquer les oscillations du C.A.C. 40, de l'euro ou du dollar. Chute de 3% du cours de la bourse ? l'attente des décisions de la F.E.D. ou la B.C.E. qui hésitent sur leurs taux directeurs ! Hausse de 0,4% de l'action P.S.A. ou Alcatel ? les administrateurs espèrent 2182 licenciements plutôt que 2173 ! Chute ou hausse inattendue du yen à l'ouverture de la bourse de Tokyo ? Sans hésitation, nos éminences confirment que demain sera jour férié dans les Émirats, dès lors la production de pétrole risque de s'affaisser ! Sans oublier "les petits ajustements techniques", "les prises de participations", "les anticipations sur les bénéfices", "les ...", qui tour à tour servent de prétexte à leur ignorance. Dans ce loto du fric des spéculateurs de tout acabit, où règne l'irrationnel, où les ambitions de chaque joueur n'espèrent que des profits plus substantiels, nos petits savants se doivent de présenter les stratégies logiques. Lesquelles ? Celles que leur vanité les conduit à inventer, pour se persuader de leurs savoirs.

Ces maîtres-es-palais-Brongniart sont les Diafiorus du monde moderne. Ils ressemblent étrangement à la Toinette de Molière qui péremptoirement pour ridiculiser les docteurs ignorants affirmait que tous les maux de son malade imaginaire relevaient du poumon !
A quand leur profil bas ? En dépit de leur science, aucun n'avait prévu l'échec, aucun n'avait subodoré la crise brutale des subprimes ou stocks-options, ni dénoncé les produits financiers frelatés...

En cette période de voeux, souhaitons-nous qu'un Molière du XXIème siècle écrive une grande comédie où les petits marquis de la finance et les Diafoirus de la Bourse seraient emportés, par le rire, dans la dérision et le ridicule.

Zarafouchtra

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