samedi 14 mars 2009

Vertige de l'amour ?



"Un jour je sourirai moins

Jusqu'au jour où je ne sourirai plus

Un jour je parlerai moins
Jusqu'au jour où je parlerai plus".
(Album "Bleu Pétrole" - texte de Gaëtan Roussel)

Ce jour annoncé -et ardemment repoussé- ce fut aujourd'hui pour Bashung. Sa "petite entreprise" vient de connaître la crise et tous les résidents de la République lui ont rendu un hommage mérité. Au contraire de certains artistes que l'on découvre et célèbre à leur mort, Bashung a été reconnu dans le monde de l'art de la chanson. Récemment encore trois Victoires de la musique en ont fait le champion français de ces trophées. Son combat contre le cancer donna-t-il une prime à l'émotion ? Peu importe, son talent était si flagrant que rien ne peut entacher sa reconnaissance.

Son Bleu pétrole, chanté avec tant d'énergie lors de ses concerts de l'année, s'est répandu en marée noire. Noire, comme la scène de spectacle du Creusot où nous le vîmes en novembre, illuminé de spots d'espoirs ; noire comme le chapeau qui dérobait sa chute de cheveux, comme ses lunettes qui masquaient ses larmes de douleur. Il avait la pudeur des gens courageux, la force des résistants et ses chants en étaient plus beaux. Quelques gestes sobres, pour lui qui ne pouvait plus faire rouler les rocks, une voie grave -de celle qui a atteint la plénitude-, des mots chargés de sens, double sens souvent, car rien de ce qu'il disait ou chantait ne pouvait ignorer son expérience humaine.

Vertige de la mort contre "vertige de l'amour". Lui qui chantait "j'ai des doutes sur la notion de longévité", désormais "il voyage en solitaire". Pour l'éternité ?

Et chez nous, ses mots et ses rythmes, ses balancements et ses sonorités, ses amours et ses déchirures, sa douleur et ses espoirs, tournent en boucle pour estomper l'amertume du jour.

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