mardi 23 mars 2010

Mes "dazibaos" au bout du monde.

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L'actualité me pousserait spontanément à bien des commentaires... Sur la politique, les faits sociaux, les médias, le cinéma ou tout évènement culturel... Je me décris depuis longtemps comme "papivore", avide de journaux, de magazines ou de livres. Mais je ne suis pas journaliste et je ne veux pas l'être, même s'il ne m'aurait pas déplu d'en faire le métier. Alors je résiste et me contente d'ersatz...

La rédaction du blog est du journalisme "canada dry", avec le goût, la couleur, la saveur, des moyens de l'information journalistique, mais pas la finalité.
Ici, c'est le professionnalisme, avec l'obligation d'informer, de rendre compte de la réalité ; avec l'obligation d'exhaustivité, d'investigation et le souci de la déontologie.

Là, il suffit de glaner quelques bribes ou impressions, de cheminer sur un sentier singulier et de tenter un regard personnel ; regard inspiré de la vie quotidienne et des expériences ou de l'imaginaire selon les cas, sans oublier un soupçon de caractère intimiste. Même pas une page raccrochée à un média national comme, par exemple, Le Monde le propose. Juste de petits "dazibaos" (1) épinglés sur la toile pour quelques amis habitués à le visiter, au gré de leur humeur et de leurs pérégrinations.

Tout autant que pour moi, c'est pour eux que je les écris ; il m'arrive même de penser précisément à telle personne, à sa réaction, à un sourire attendri ou amusé, en glissant un mot ou en traitant un sujet particulier. Et je n'attends ni mél ni commentaire en retour. Mais si un brin de réaction arrive par un canal ou un autre, c'est toujours un petit moment de satisfaction. Bref, par plaisanterie, je pourrais dire qu'il s'agit d'une affaire de placards, si l'expression n'avait prise dans l'histoire une toute autre signification...

Je croyais ces visiteurs proches et puis un jour je suis allé me rendre compte de leur origine. Un petit logiciel "mouchard" [à cet égard, bien inquiétant !] observe, comptabilise et localise la diversité des lecteurs. Il est même possible d'en établir une géographie, une quasi géo-technologie, voire une typologie complète en tenant compte des origines, de la durée de visite, de la modalité de connexion des consultants, etc.

A défaut d'analyse sociologique et sans entrer dans les détails inquisiteurs, voyons la carte de ces lecteurs.

Première surprise, sur les 1666 visites depuis environ 20 mois d'existence, le blog a connu 1036 "connecteurs" différents. Sans les imaginer tous adhérents au "fan club", c'est tout de même un nombre inattendu et cela représente plus de 450 internautes distincts qui ont tenté de s'approcher du GiroPhare ou plus prosaïquement sont tombés par hasard -ou par erreur- sur mes ratiocinations...

Géographiquement, c'est plus surprenant encore. Outre les connexions de proximité -parfois très évidentes, lorsqu'il s'agit de très proches parents ou amis dont je connais le lieu de raccordement- c'est de très loin que viennent les visiteurs !

Proximité d'abord : la région Rhône-Alpes est en première ligne. Quoi de plus normal ? Autour des centres de Saint-Etienne, Lyon et Grenoble, environ 620 visites. Ensuite la région parisienne : plus de 100. Puis un maillage, parfois serré, parfois lâche, de la plupart des coins de France , en dépit de quelques "déserts" dans le Languedoc, le Sud-Ouest ou la Lorraine.

Deuxième surprise, c'est de quatre continents que l'on observe ce blog.

- L'Union Européenne est évidemment concernée : des belges, des allemands, italiens, espagnols et bien d'autres, mais aucun anglais !
- Une dizaine de visiteurs viennent des pays du grand-est européen s'étalant de la Tchéquie à Vladivostok !
- Du continent nord-américain, 25 visiteurs, essentiellement des canadiens du Québec et quelques états-uniens, largement partagés entre côte Est et côte Ouest.

En poursuivant le monde,
- 25 encore, sont originaires de l'Amérique du Sud,
- une dizaine de l'Afrique, principalement du Nord et de l'Est,
- 5 du Proche-Orient
- quelques unités d'Asie, dont deux internautes japonais, mais aucun de la Chine et de l'Inde !


Seule l'Océanie manque à l'appel ! Mais je ne doute guère qu'un jour, un surfeur intrépide ne vienne échouer au pied du Phare...
Echouer ? c'est bien le mot qui convient, car que pourrait tirer de mes modestes récits ou pensées un quidam du Pacifique ?

Et même qu'en retiennent les autres ? Jamais je ne le saurai, mais c'est sans regret du temps qu'ils prennent à me lire, car pour être franc, la durée moyenne de ces 1600 et quelques connexions n'est que de 2 minutes et 29 secondes. Pas de quoi s'alarmer du temps perdu...

Gagné ? Perdu ? Perdu probablement, ma vanité dût-elle en souffrir !

Zarafouchtra

(1) Les dazibaos sont des sortes de petits journaux ou affiches que les chinois placardent pour énoncer (ou dénoncer selon les époques) leurs opinions ou leurs pensées critiques. Pratique héritée de l'empire qui joua un rôle important lors de la révolution culturelle.

dimanche 7 mars 2010

Pâle reflet de la démocratie ?

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Il y a une semaine, j'ai pesté devant mon poste de télévision lors de la Cérémonie des César, censée célébrer les films, réalisateurs, acteurs et techniciens en vue au cours de 2009. J'apprécie trop cet art pour que ce ne soient pas les meilleurs qui le représentent et qui le portent aux nues. Mais là que de redondances, d'effet boule de neige ! Les coteries, les copinages voire les stratégies souterraines confinent à l'absence de discernement. Je ne peux pas imaginer que ces élections soient libres. Ou bien, si cette liberté existe, il faut en changer les règles puisqu'elle produit chaque année les mêmes effets pervers : distinguer un seul et même film par une multitude de César, tandis que les autres sont négligés, effacés des mémoires, quelle que soit leur qualité.

On ne s'y prendrait pas plus mal si l'on avait quelques idées malintentionnées ! L'an dernier j'avais fait les mêmes remarques à propos de Séraphine ! Au demeurant superbe film que j'avais vu deux fois avec un immense plaisir, appréciant notamment la performance de Yolande Moreau. Méritait-il sept César, dont le prix de musique, décors et costumes ? Il me semblait que non, mais ...

Qui dit mieux cette année ? Le prophète de Jacques Audiard. Excellent film, c'est certain, où la fiction et la réalité s'entrechoquent, la violence et l'estime, la haine et la solidarité. Film de fiction et film social documentaire à la fois. Film-S.O.S., film-cri-de-détresse pour que la réclusion, -sinon nécessaire du moins inévitable- n'engendre pas une criminalité pire. Résultat ? Neuf statuettes, comme s'il fallait que les votes confirment le rôle de favori que la presse ou le milieu du cinéma avaient auparavant décerné. Le "milieu" en effet ... !

Quel sens ce palmarès peut-il bien avoir, ignorant les nombreux films que l'année 2009 avait vu s'épanouir auprès de publics divers mais réels. Oublié Welcome, enfoncé Les herbes folles et avec eux leurs brillants réalisateurs ou acteurs ... sans parler de bien d'autres artistes qui n'avaient même pas été dignes d'être "nominés", selon l'horrible expression.

L'on sait que la démocratie dépend de la justesse de la loi électorale dont il existe différents modèles. Dans le monde des César, on a le sentiment qu'on conserve la règle précisément parce qu'elle produit des distorsions qui servent la finance, la libre loi du marché. C'est injuste ? Peu importe, semblent dire les candidats, car le jour où la victoire est pour moi ... c'est bingo !

Qui m'expliquera les modalités de vote, les critères de jugement, les raisons de cet inévitable empilement de récompenses ? Y a-t-il un brin de cohérence ?

En dépit de mes agacements, je n'ai pu m'empêcher de regarder peu après la retransmission des Victoires de la musique. Même rituel insupportable, mêmes reproches sur les choix, sur les victoires, alors que l'éventail présenté était parfois intéressant.

Et puis, suprême effet de la démocratie directe, ce clip-ritournelle conçue comme une bande-annonce des candidats soumis au vote du public ! Avec en prime le récurrent "... tapez un... tapez deux ..." pour aboutir à un choix confondant : la rengaine la plus nulle entendue 36 fois au cours de la soirée a été reconnue comme "la chanson originale de l'année" !

Mort de rire !

Il faut dire que la petite chanteuse canadienne a un minois bien plus ravageur que son talent d'artiste ; des milliers de téléspectateurs invités à voter n'ont pas dû y rester insensibles. Peut-être ont-ils confondu avec l'élection des miss... l'erreur est humaine, un vrai coup de pirate au coeur !

Démocratie ? Démagogie ?

"Ça m'énerve !"
chantait au début Helmut Fritz, l'artiste qui a présenté et de loin la chanson la plus originale parmi les nommées. Moi, à la fin, ça m'énervait encore plus.

Juré, craché ! On ne m'y reprendra plus.

Zarafouchtra