samedi 30 janvier 2010

Un p'tit bout de vie en rose

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Dans l'environnement morose que la crise nous propose, l'on nous sert chaque jour plus d'épines que de roses. De temps en temps, comme un éclair qui traverse la grisaille, un petit bout de vie en rose peut vous alléger le coeur et l'existence.

C'était vendredi dernier, dans un Scarabée doré (1), plein à craquer, où s'empressaient deux ou trois milliers de fans de musique et de poésie, pour écouter un poète d'aujourd'hui, partager ses fragiles mélodies et goûter ses rythmiques chaloupées.

Un poète de poésie, vous avez dit ? Oui mais pas un poète accrédité, pléiadisé ; plutôt un Villon, un Rutebeuf du temps présent, sa guitare derrière dans l'dos depuis plus de trente ans et presque encore adolescent. Pas de versification toujours autorisée, juste une prosodie gracieuse, une petite mélodie gracile, comme un bonbon sucrée et acidulé à la fois, qui ne perdrait rien de son charme ni de sa saveur.

Bidon et consternation ? Non. Ça fait bientôt cinquante ans qu'il a dix ans notre modeste poète. Mutin ... Alain ? Bidon... Souchon ? Admiration, sans prétention ... !

A quoi a-t-on succombé ? Pendant près de deux heures, il nous a susurré ses petites chansons et nous avons croqué dedans avec plaisir. Pastilles distillées avec parcimonie, pensées vertes ou rouges parfois, pastels souvent, éparpillées au rythme de ces musiciens racés. Vingt-six petits plaisirs, comme autant de lettres de son alphabet de sentiments. D'abord un petit a puis un petit b ; un petit tas tombé, petit tas de secrets qui s'enchaînent, comme on enfile des perles ; des mots d'eau qui ruissellent et des mots de forêt.

Mais si l'oreille retient aisément les sonorités variées, les rythmiques caraïbes ou latino, rock'n'll ou berceuses, que deviennent les paroles ?
Souvent oubliées, négligées ...

Un petit collage ne pourrait-il pas les faire renaître ? Alors j'ai tenté ce kaléidoscope en mettant dans mon chapeau pointu, -turlututu- ses mots délicats, ses couleurs demi-teintes, ses maux doux, ses épices mêlées d'un brin de tendresse, et puis j'ai longuement secoué jusqu'à ce que naisse cette salade fraîcheur agrémentée de ses piments.

Ce puzzle inédit, inouï, puisé dans une douzaine de chansons, je l'offre à qui veut le prendre, comme on jette des roses en hommage à l'artiste.

Au chanteur-rêveur, qui nous a généreusement fait rêver et même chanter, salut !

La vie un voyage pas long à faire
Montons au-dessus des villes…

Pour voir si les couleurs d'origine

Peuvent revenir.

Ça se voit dans mes yeux
Je prends la vie par le cœur

Et voilà mon bonheur

La vie ne vaut rien, rien, rien,
la vie ne vaut rien
Mais moi… je dis rien, rien, rien,
rien ne vaut la vie
Marcher dans le désert
Marcher dans les pierres

Marcher des journées entières
Dans le parc, au point du jour


On dirait que le ciel est nerveux


Voyez le bonheur comme il passe

Allons voir ce qui le remplace
La vie sans l'amour et ses délices
C'est comme un avion sans héliceInutile
L'amour, ça marche avec le cœur, avec le cœur
La vie, ça chante avec le cœur, avec le cœur

Le monde tourne avec le cœur
Avec le cœur, le gris se colore et danse

Oh la la la vie en rose
Le rose qu'on nous propose

Aïe, on nous fait croire
Que le bonheur c'est d'avoir


Écoutez ma chanson comme elle est jolie

On va se la couler douce
Écoutez, le secret de la mélodie

mais pouce !...
(2)

"la Souche" ...


Zarafouchtra


(1) Concert public de Alain SOUCHON - vendredi 22 janvier 2010 - salle du Scarabée - Roanne-Riorges
(2) tous les mots, toutes les expressions, notés en italiques -jaune ou rouille-, sont des extraits des chansons d'Alain SOUCHON, qu'il en soit l'auteur ou seulement l'interprète.

dimanche 24 janvier 2010

Au coeur de l'humanité

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Dans un musée traditionnel, on fait l'expérience d'une œuvre dans le face à face proposé. Une peinture s'offre à nous dans un cadre figé ; parfois une sculpture nous autorise à la contourner et l'apprécier en plusieurs dimensions. Rarement il nous est permis de pénétrer au cœur de l'œuvre au point d'en être partie prenante.

Il m'est arrivé de connaître cela une première fois il y a plus de vingt ans en parcourant dans la cour du Palais-Royal, les colonnes noir et blanc de Daniel Buren. En déambulant d'une ligne à l'autre, l'espace changeait. Au gré de mes émotions, de mes impulsions, je créais une nouvelle œuvre, je me faisais co-artiste. Buren avait intégré au sein de son concept les spectateurs dont chaque mouvement le réalisait, lui donnait forme.

J'ai connu récemment une expérience semblable au Grand Palais, en découvrant l'exposition de Christian Boltanki intitulée "Monumenta 2010 - Personnes". La dramatisation humaine en plus.

Sous ce merveilleux palais de fer et de verre, où la lumière s'incruste jusqu'au moindre recoin, rien ne peut être secret. Là, dans la transparence absolue d'un regard panoptique, s'étalent des dizaines d'espaces jonchés de vêtements. Humains couchés, écrasés, surveillés, exploités ? Vivants ou morts ? L'œuvre ouvre sur tous les possibles.
Délimités par de fins poteaux métalliques, ces parcages semblent ceinturés de grillages plus mortels que s'ils étaient réels. Là point de liberté ; il y a du militaire dans cette enceinte ; de la dictature, de la torture, de la mort qui rôde. Et puis cette rythmique sourde, lourde -lancinants battements cardiaques stressés-, qui accompagne la marche à chaque détour.

Mémoire et hommage aux victimes des drames, des pestes, des génocides, des camps, de l'histoire de l'humanité ? Tentative d'exorciser le devenir ? d'espérer un autre avenir pour l'homme ? La Shoah est là, présente, avec une intensité insoutenable ; les morts des fosses communes, avec un numéro pour seule identité, et puis l'entassement des vêtements-objets rappelant les images de la fin de toute dignité des sujets.

Au-delà des tragédies de l'humanité, on est au cœur de la destinée de l'homme : Dieu ou les dieux ? le hasard ? la nature ? La vie simplement. Dans une aile du palais, la machine se fait démiurge et, au gré de ses manipulations, saisit, attrape, choisit peut-être, relâche, ignore, écrase, enterre les corps, les âmes à jamais. A moins qu'elle les élève, qu'elle les magnifie ?



Élection ? sélection ? discriminations ? jugement dernier ? juste ou injuste ? Chacun projette ses propres représentations et ses convictions qui façonnent les espérances comme les désespoirs.

Le spectateur est immergé dans l'œuvre de Boltanski ; pas moyen d'y échapper. Il est à la fois l'artiste qui dénonce les drames de l'humanité et la victime semblable à toutes celles qui sont représentées par leurs seuls manteaux plaqués au sol.

Toute lecture est bonne, toute interprétation plausible. Quelques jours après le drame haïtien, où tant de personnes ont été ensevelies sous des monceaux de béton ou de tôle, impossible ici de ne pas être hanté par les images de ces corps alignés sous des linceuls de fortune. La réalité apporte une vérité bien cruelle à la métaphore artistique de Boltanski

"Ce désastre nous rappelle une fois de plus que la vie peut être d'une cruauté inimaginable. Douleur et perte sont bien souvent infligées sans justice ni pitié. Ce "hasard de l'instant" peut frapper chacun d'entre nous. Mais c'est aussi dans ces moments-là, lorsque nous sommes confrontés à notre propre fragilité, que nous redécouvrons notre humanité commune. Nous regardons dans les yeux d'un autre homme et nous nous y voyons nous-mêmes."(1)



(1) Barack Obama -discours après le séisme de Haïti - in "Newsweek" du
20.01.10 - traduction Gilles Berton.

mercredi 13 janvier 2010

Grouchy ? Non, Blücher. *

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Depuis cinquante ans l'histoire de la télévision, notamment des chaines publiques, est une incessante succession d'émissions de variétés qui ont cherché à distraire le public. Divertissements populaires, découvertes de musiques, de chanteurs, numéros d'artistes, parfois mêlés de discussions, d'échanges intelligents "sans prise de tête", de jeux, de fantaisies. Inutile d'en faire la liste, chacun a gardé en mémoire des images, depuis "La piste aux étoiles", jusqu'à "Taratata", en passant par "Champs Elysées" ou "La tête et les jambes".

Aujourd'hui, elles sont rares les émissions à la fois variées, construites, pensées en vue d'un pur plaisir. On n'échappe guère à la vulgarité ; vulgarité de propos, inélégances des mots ou des thèmes, vulgarité de la publicité permanente déguisée ou même proclamée sans vergogne. Et puis certains jeux quelle facilité ! Pas besoin de s'interroger sur la structuration de l'émission, le format est immédiat, permanent, confortable pour le spectateur passif qui est visé, ciblé diraient les communicants !

Facilité au fond mais -si possible- pour la bonne conscience. Apparence de culture et d'intelligence... "Questions pour un champion" installé depuis des années, demeure un bon coup pour une soirée de "prime time" ; il suffit d'inventer un thème : le meilleur des champions ou le "champion des Grandes Ecoles" ou tout autre "Qui veut gagner des millions ?"

Cette dernière émission fait le bonheur de bien des gens, sinon leur fortune. Quelle chance ! chacun peut espérer égaler ou dépasser le candidat qui vient de partir avec quelques dizaines de milliers d'euros ! Alors pour les grandes soirées, il suffit de garder le "concept" de l'organiser autour de l'amalgame "misère-souffrance-générosité-bonheur" et d'offrir des millions au bénéfice d'une organisation humanitaire ! En ce cas, ce sont des stars médiatiques qui, sous couvert de charité, viennent s'affronter, se montrer solidaires, généreux et, mine de rien, rappeler leur DVD ou leur prochaine tournée. Comme hier, du pain et des jeux ?

Mais où et comment situer la dramatisation du jeu-spectacle, pour que la tension monte dans le public et conduise au maximum d'intensité ? pour scotcher le spectateur à son écran et si possible racoler l'éventuel zappeur insatisfait des programmes concurrents ?
Il y a bien sûr le niveau de difficulté des questions, les hésitations sur les réponses, les rappels de stratégies plus ou moins bien avisés de l'animateur, l'incertitude du montant atteint mais quoi donc encore ? Eh bien, comme jadis pour les étoiles de Roger Lanzac, lorsque les acrobates du cirque s'envolent en l'air, s'accrochent, se lâchent, se rattrapent du bout des doigts, les tambours roulent, grondent, la musique enfle, inquiète, angoisse et soudain un grand coup de cymbales ferme le ban pour marquer la réussite du numéro. Et les artistes désormais soulagés sourient à qui mieux mieux !

Ces roulements d'angoisse sont le fin du fin de l'incertitude et du drame : plus l'enjeu financier est élevé, plus le roulement est grave, inquiétant et long. Interminable même, que les deux candidats se demandent si les mouches ont 4 ou 6 pattes, ou qu'il s'agisse de savoir si, dans "la Critique de la Raison pure" d'Emmanuel Kant, les jugements synthétiques sont "a priori" ou "empiriques" ...

Merveille de la variété-télé !

La soirée du premier janvier 2010** était de ce tonneau, inquiétante au possible au gré des tambours, puisque le fric était au bout des roulements. Quel bonheur pour l'anniversaire de la télévision rêvée par notre "cher" Président !

Soudain, surprise ! Fatigue ? Erreur ? Assoupissement compréhensible dû à la soirée de réveillon précédente ? ... je ne reconnaissais plus J.P. Foucault. Avait-il eu un malaise ? avait-il fallu le remplacer en urgence ? Peut-être avais-je manqué un épisode. Les questions n'étaient plus tout à fait les mêmes ; plus de carrés magiques, mais quatre mots à retrouver au milieu d'une chanson, parfois 6 ou 8. Ce devait être la seconde partie de l'émission. Les mêmes spectateurs décors semblaient changés ; le rappel récurrent des possibles gains opérait le même charme, l'animateur suggérait de faire appel à l'un des trois jokers. Les chanteurs et artistes s'efforçaient toujours de bien répondre tandis que les associations humanitaires se frottaient les mains à chaque réussite. Le suspens s'intensifiait de minute en minute, bientôt l'on atteindrait le million d'euros.

Pas de doute, c'est bien la suite de l'émission avec toujours le même drame : les roulements de tambours, longs, de plus en plus longs au gré de la difficulté. Mieux même : le sublime consistait à découper le résultat en morceaux : deux mots ? les tambours ronflaient. Ouaiss ! Un autre mot ? les tambours plus angoissants encore... Enfin la cymbale libératrice permettant au candidat de taper, rageur, dans la main de ... mais ouaiss !!! ce n'était plus Foucault, c'était Nagui ... MERDE !... j'avais zappé sans m'en rendre compte !

C'est alors que je retournais sur TF1. On était là au comble de l'incertitude entre deux expressions. Les tambours roulaient interminables, les mains se serraient ; les doigts se crispaient ; j'attendis un peu ... Infernal !
N'en pouvant plus de ce suspens bidon, je re-zappe sur FR2. Déjà Nagui était figé de peur, la candidate ne disait mot, autour de lui les cœurs battaient au rythme des ... tambours qui scandaient l'insupportable angoisse ; les mêmes artifices, la même trivialité... Désespérant !

Le "mieux-disant-culturel", naguère cher à M. Léotard, sévissait sur toutes les chaines. Avec ou sans publicité, la télévision vend toujours du temps de cerveau disponible***. Je pouvais m'en aller coucher, apaisé, réconforté et serein à jamais.
Mais pour 2010, faisons le vœu d'oublier ces bien étranges lucarnes.

Zarafouchtra

* Ces mots renvoient au poème de V. Hugo, "L'expiation" (Les Châtiments).
Au 3ème jour de la bataille de Waterloo, le 18 juin 1815, Napoléon espérait recevoir le renfort de Grouchy. En réalité, c'est le
général Blücher à la tête des troupes prussiennes qui arriva le premier !
"Le soir tombait ; la lutte était ardente et noire.
Il avait l'offensive et presque la victoire [...]
"Soudain, joyeux, il dit : "Grouchy !" - C'était Blücher"
L'espoir changea de camp, le combat changea d'âme,
La mêlée en hurlant grandit comme une flamme".
Et le sort de la bataille bascula.

** Cf. Télérama 3127-3128 du 16 décembre 2009 -page 254- : sur les deux cases en vis à vis (20h45 pour TF1 et 20h35 pour FR2) c'est un même commentaire copier-coller : "En l'honneur de l'an neuf, nos vedettes nationales vont se démener pour faire gagner de l'argent à des associations méritantes" ...

*** Selon la sinistre expression de M. Le Lay, alors resposnable de TF1.

mardi 5 janvier 2010

Le froid redouble de rigueur ... ?

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Janvier est là, avec ses froidures. On entend autour de soi parler de rigueur de l'hiver...

Je préfère réserver ce mot à ce qui décrit la cohérence des choses. La rigueur, disais-je, non la rigidité, c'est un principe fondateur de l'entreprise humaine, garant de la justesse et de la vérité.
C'est précisément pourquoi je m'agace, quand l'incohérence vient habiter des domaines où le sérieux, la gravité devraient s'imposer sans relâchement.

L'information, par exemple, quoi de plus exigeant ? Elle ne tolère ni l'approximation, ni le contradictoire. Et en cette matière le Service Public devrait s'avérer irréprochable. Pourtant .... deux exemples récents !

Le 4 janvier, sur France 3, lors des informations de 18h30 ou 19h. Le journaliste interroge sur les prévisions de l'année 2010. Cliquant sur son écran tactile comme un ado sur son jeu vidéo, il fait apparaître l'experte interviewée : Comment voyez-vous l'évolution de l'économie ? Et la politique, quel avenir proche ?

Avec le plus grand sérieux, la réponse est donnée. En substance : "la crise économique sera encore bien rude à supporter, mais elle laissera progressivement place à la reprise ; il faudra cependant attendre 2011, pour que ce soit plus net". Et les élections de 2012 ? Notre spécialiste se fait catégorique : "non le PS ne présentera pas DSK. Martine Aubry sera opposée à Nicolas Sarkozy qui l'emportera haut la main. Et Ségolène ? elle conservera un rôle...". Là le journaliste, largement repu des "preuves" accumulées, interrompt la pythonisse, aussi inspirée que le fut jadis la prêtresse de Delphes. Pythonisse ? J'exagère, pensez-vous. Mais non j'ai bien vu, j'ai bien lu sur l'écran : Madame-l'experte-des infos-du-soir était en toute rigueur ... astrologue. Et sans la moindre distance, ni ironie du journaliste, il enchaîna "sans transition" comme dit PPD la marionnette des Guignols, sur la relation d'autres événements. Dûment vérifiés ?

Le lendemain sur France-Inter, j'ai regretté que ce ne fut pas une séquence humoristique du "Fou du Roi". Le chroniqueur habituel de la Bourse de Paris, peu avant 13 heures, s'étouffe de satisfaction : "le CAC 40 frise à nouveau les 4000 points" ! Le yoyo libéral qui mesure les humeurs de l'économie, jouet cassé il y a moins de 18 mois, renaît comme le phénix miraculeusement. Qu'il monte ? Et notre admirateur s'esbaudit devant tant de merveilles : c'est la joie, l'espoir, le bonheur accessible du bout du doigt des riches. Qu'il descende ? Le voilà qui pleure : c'est la catastrophe, l'alerte rouge, la misère assurée pour les pauvres spéculateurs.

Jour de fête ! Cadeau des rois mages en ce temps d'Epiphanie ! Notre journaleux oublie la rigueur de son métier. Et de donner, comme à son habitude, des justifications à la hausse, avec autant de certitudes que les Diafoirus du théâtre de Molière ! La bulle gonfle, s'élève, se nourrit même des plans sociaux pour optimiser les profits : pourquoi ne pas exulter ?

Vous avez dit rigueur ?

Où sont les Poali, les Freeman, ou les Demorand qui s'évertuent tous les jours à décrypter la géopolitique, à dénoncer les délocalisations absurdes, le productivisme, les atteintes à l' environnement ? Où sont-ils ceux qui nous invitent à réfléchir, à dévoiler la réalité des faits sous les postures et les plans-com. ; à penser le monde autrement, à souhaiter qu'après la bulle financière rien ne devra(it) plus se reconstruire comme avant, à bâtir une éthique pour l'humanité ?

Manifestement dans le service public, il y a pour le moins failles, sinon faillite. Car à cultiver aussi nettement la contradiction, à dispenser cette chronique boursière quotidienne sans la mettre en cohérence avec les réflexions sur le devenir de la société et de la planète, n'est-ce pas se payer de mots et de concepts inutiles ? Et prendre les auditeurs pour des sots ?

Malheur à nous pauvres auditeurs, baladés d'un zig à un zag, sans autre moyen que de fulminer de tant d'approximations. On en viendrait parfois à tenter d'émigrer vers d'autres sites médiatiques plus..., moins..., bref mieux !

Hélas, pendant les récentes grèves sur France-Inter, j'ai fait l'essai des concurrents. Horreur ! J'ai bien vite réintégré ... Bah ! je baisserai le son, juste avant 13 heures, au moins jusqu' "à la Chandeleur, là où l'hiver s'en va ou prend vigueur".

Vigueur ? Eh oui, pour être rigoureux !

Zarafouchtra


N.B. Le dessin satirique sur le Bourse est tiré de : www2.snut.fr

lundi 4 janvier 2010

2010 ? Coucou, me revoilou !


Il faut bien se rendre à l'évidence ; depuis mai, je n'ai pas rédigé le moindre articulet ! Déjà en octobre, ma fille s'inquiétait.

Hello Papa ! Alors toujours pas de nouveau message dans ton blog, pourtant ce n’est pas l’actualité qui manque ? Tu n’es pas inspiré ? Cela m’étonne entre l’affaire Mitterand, les interventions de Finkielkraut et la fondation "bidon" de CarlaBruniSarko ...

Plus tard, bien d'autres événements ou controverses auraient pu alimenter mes vélléités de réactions et commentaires ...

Ce ne sont pas les occasions qui manquent, ni les idées, ni les sollicitations. Ce serait plutôt le temps ...

Aie ! Me voilà dans l'ornière que je voulais précisément éviter ; me voilà submergé par de multiples activités. Alors je tente de me sortir de l'embarras par une pirouette "quand je serai à la retraite !"...

Sommes-nous réellement occupés par tant et tant de choses ? Je crois au fond que nous sommes occupés par rien ; par un rien, veux-je dire, quand la vie n'est plus régie par l'agenda.

Paradoxe surprenant, c'est dans la fébrilité que l'on remplit pleinement sa vie. La sérénité n'est pas dans l'absence, ni au bout de l'attente, mais dans la conscience minutieuse de ce que l'on accomplit quotidiennement. Encore faut-il arriver à ce terme pour percevoir l'illusion de la réalité, voire la réalité de l'illusion !

Le temps vraiment disponible, c'est celui qui est grignoté sur l'urgence pour donner de la liberté. Je l'ai tant de fois suggéré à mes élèves, j'en découvre les vertus aujourd'hui : "on n'a que le temps que l'on se donne".

Et je n'en ai pas donné à la rédaction du blog, cet exercice plaisant, réconfortant mais narcissique à la fois ! Bien des raisons l'expliquent, je passerai sur la liste, tant ma bonne foi pourrait être mise à mal.

J'aurai pu, par exemple, évoquer le plaisir de la découverte de films au Festival de Cannes : Eric for looking de Ken Loach et l'humour inattendu de Cantona, Les herbes folles d'Alain Resnais avec le couple mythique Azéma-Dussolier ou Inglourious Basterds qui m'a momentanément réconcilié avec le cinéma américain.

J'aurai pu raconter les plaisirs de rencontres d'été, les délicieux moments passés avec les petits-enfants à construire des cabanes, les lieux découverts -ou redécouverts- sur l'île de Ré avec le groupe stéphanois ...

D'autres petites choses par-ci, par-là, auraient pu retenir l'attention : un passage rapide aux Hospices de Beaune pour un concert vocal plein de grâce et de finesse ; un champ de fleurs multicolores apparu au détour d'une matinée douce et ensoleillée à vélo ; le plaisir de traverser la Suisse, pour découvrir la fondation de l'Hermitage à Lausanne puis revoir Martigny, la fondation Gianada, son parc, des sculptures, ses expositions ; tout cela entouré des ocres des vignobles, des rouges, des bruns sur fond de ciel d'octobre apaisant.

J'aurais pu ... mais je n'ai pas !

Alors en ce début de janvier qui est le temps des vœux, parfois des résolutions et des engagements, je lance cet article sur un coin de la Toile, comme on jette une bouteille à la mer. Il suffirait d'un seul découvreur-lecteur pour me laisser croire à la nécessité de ce GiroPhare, pour que je continue à le faire clignoter de temps en temps.

Mais pour ajouter un peu de dérision à cette entreprise d'autosatisfaction, je glisse un clin d'œil de pierre, photographié au cours de pérégrinations en Brionnais - un modillon fameux d'Anzy-le-Duc, satisfait et moqueur à la fois. Juste symbole de ce qu'il faut de distance pour ne pas se prendre au sérieux.