mercredi 31 décembre 2008

Flâneries romaines

Il est temps, en ce dernier jour de 2008, d'évoquer les passionnantes "flâneries romaines" que nous avons effectuées à la fin du mois d'octobre.
Depuis plus de deux ans, ce voyage était prévu ; il restait à constituer le groupe, attendre la disponibilité d'un lieu hébergement et surtout celle de l'accompagnateur espéré !
On trouva aisément les 20 volontaires en partance ; certains se connaissaient bien, amis de longues années, d'autres se sont découverts peu avant l'avion ! Bernadette seule connaissait tout le monde et servit de point de convergence et de ralliement. Pierre, son frère, fin connaisseur d'art et d'histoire, de Rome et de ses trésors, habitué de la Trinité des Monts -ayant troqué ses étudiants pour une génération plus ancienne certes mais disponible - nous servit de guide sans relâche.

Le programme était copieux, les découvertes furent à la hauteur. Peu des grands sites romains, qu'ils soient chers à notre mémoire de jeunesse, à notre vie de citoyen ou à notre culture religieuse, bien peu disais-je nous furent épargnés, pour notre plus grand bonheur : temples, monuments de la Rome antique, nécropoles des premiers siècles, catacombes, fouilles, églises primitives, basiliques construites et recontruites au cours de l'histoire, mosaïques, sculptures ou musées, fontaines et places, façades, terrrasses et bien d'autres choses encore. Tout fut dévoilé, décrypté au regard des styles, des époques, des plaisirs et des connivences. Avec toujours le commentaire avisé, précis, sans jamais atteindre la limite de saturation, là où la fatigue et la fragilité se mêlent pour brouiller la mémoire.

Sans oublier d'ajouter le plaisir de la sympathie et de l'amitié progressant jour après jour : les repas à l'Auto-grill et les "gelati" partagés dans la rue, les pasti et les anti-pasti et, pour corser le tout, quelques épisode inattendus. N'est-ce pas Lisette perdue avant même le premier métro ? N'est-ce pas Jean accompagnant (ou devançant) ma course sur les escaliers de la Trinité, gamins comme aux plus beaux jours, prétextant l'arrivée des premières gouttes orageuses ?

Deux mois déjà... et les retrouvailles entre tous sont attendues avec impatience. Elles seront agréables, n'en doutons pas. Les photos ou autres souvenirs peupleront notre rencontre... Peut-être pas pour 45 ans, comme lors de ma première visite de Rome, mais pour les prochaines années, n'en doutons pas !

Pour une visite guidée plus complète, accès à l'album de photos de ce voyage par un simple clic sur "Amitiés romaines".

Zarafouchtra

jeudi 4 décembre 2008

La recette du vétété au Lubéron

Loin des escapades formatées et "tour-operatorisées", notre randonnée d'octobre dans le Lubéron est à classer dans la catégorie grande aventure ! En voici la recette, à réserver aux pratiquants initiés.

1ère étape - Prendre cinq copains (1), cinq vététés et cinq sacs à dos -petits ou gros !- que vous mélangez et faites mijoter 1 heure 45 dans le TGV. Rouler 45 km au sortir de la gare d'Avignon et s'engager sur la piste. Là, faire rissoler le tout, en plein cagnard, sur la pente à 12%, jusqu'à ce qu'une magistrale fringale en atteigne au moins un. Laisser reposer en mutualisant les forces afin que l'éclopé réussisse à vous dire "j'abandonne, et sans discussion !". Rigoler, sans vergogne, le temps nécessaire pour qu'il change d'avis. Regonfler deux ou trois fois. Poursuivre dans la superbe forêt de cèdres, pédalant en souplesse jusqu'au ravissement collectif. Descendre alors à travers les caillasses jusqu'au gite d'étape du mas Recaute où vous savourez une bière en laissant Roger draguer la marcheuse à feu doux. Ne pas oublier de sortir Maurice de l'examen de l'itinéraire, laisser Albert se marrer jusqu'à plus soif, mettre Claude sous la couette et éteindre la lumière jusqu'au chant du coq.

2e étape. Prolonger selon le même principe, après avoir vérifié le parcours. Eviter le G.R. et s’engager sur un chemin plus ou moins balisé ; s'informer auprès d'un autochtone et suivre la piste sans issue qu'il vous recommande. Grimper, pousser le vélo puis porter le vélo ; suer sang et eau, grimper encore de rocher en rocher à 15 ou 18% même. Insister lourdement, se griffer aux taillis et répéter à voix haute plusieurs fois : "elle est pas belle la vie ?!". Laisser le premier « dégonflé » renoncer et faire demi-tour. Lui dire tout de même "à ce soir au gîte". Poursuivre héroïquement, par une voie non explorée, la face nord-ouest du Mourre-Nègre et enfin reconnaître piteusement que votre vétété refuse de vous suivre. Ne pas abandonner sa monture, la suivre sur la descente jusqu'à la route et, en sifflotant pour donner le change, visiter les villages provençaux les plus pittoresques, les châteaux les plus anciens, les fontaines les plus fraîches. A l'arrivée au gîte de Vitroles-en-Lubéron, prendre un air dégagé pour faire partager vos découvertes touristiques, bien plus savoureuses que ce que l'organisateur avait imaginé.... Avant d'éteindre les lumières, rêver à la belle marinade du lendemain !

3e et 4e étapes. D'abord laisser la pluie tomber abondamment, violemment, longuement et laisser mariner vos illusions une grande partie de la journée. Faire les yeux doux à Marina, lui piquer sa bagnole et laisser votre boucher préféré vous mitonner une belle entrecôte, accompagnée d'un Chateau -neuf celui-là-... Reprogrammer Maurice pour un nouvel itinéraire et transpirer sous votre K-Way et autres toiles imperméables, pendant 42 km. Inutile de presser le rythme ; profiter de la pluie incessante pour visiter les villages. Redire dix fois, mais à voix basse, pour que Paul n'entende pas, "Elle est pas belle la vie ?!". Arriver au gîte, tenter d'accrocher ses vêtements sous le manteau de la cheminée. Voir Claude et Albert s'effondrer sur leur lit, les doigts de pieds en éventail. Heu-reux ! Au réveil, oublier Marina au profit d'Emmanuelle. Mais pour qu'une star chasse l'autre, chevaucher votre vétété des heures durant, lire et relire les cartes, être sûr du chemin mais se tromper, avancer et faire marche arrière, monter et descendre, mais surtout grimper. Ne pas oublier de saupoudrer d'un soupçon de mauvaise foi contre l'IGN qui réalise des cartes fausses, car les chemins montent toujours plus que ce qui est indiqué... Avant le coucher au gîte Saint-Hubert, mater Roger, superbe au sortir de la douche. Enfin rire sans modération.

5e étape. Avec un soupçon de culot, ne pas hésiter à crever sa roue arrière pour apercevoir l’ombre furtive d’Emmanuelle quelques instants encore, tandis que Roger écrase une larme sur sa joue. Désormais il suffit de suivre le grand braquet de Maurice, mijoté à la sauce « aujourd’hui, ça descend jusqu’à l’arrivée ! ». Au bas de la première combe, bien suivre le G.R. en remontant jusqu’aux crêtes à travers bois et cailloux. Avancer debout sur pédales ; en cas de perte d’équilibre ne pas relâcher le vélo qui pourrait descendre dans le ravin ! Profitant du soleil, porter à ébullition : au-delà de 65 ans, confier son sac ou sa monture à Roger. Si Maurice reste plongé perplexe dans ses cartes, ne pas hésiter à pimenter le parcours : perdre le sentier balisé et délaisser le chemin de crêtes ; plonger vers le ruisseau du bas, remonter et redescendre à plusieurs reprises. Pédaler ainsi jusqu’au râle ultime du plus contestataire du groupe ! Là, soit jouer la solidarité soit repasser par la case « engueulade ». Et dès que la route croise votre chemin, sans hésiter, foncer vers la gare de l’Isle-sur-Sorgues. Faire bonne figure, égoutter votre mauvaise fatigue et ajouter une pincée de sucre, pour tenir le coup jusqu’à Lyon. Au bar-terminus de la Part-Dieu : faire revenir aux petits oignons vos rigolades et plaisirs partagés, couper en fines lamelles vos meilleurs souvenirs, faire monter les blagues en neige puis laisser mousser fortement la bière avant de la déguster jusqu’à la goutte de l’adieu.

Mettre le couvercle pendant un an dans l'attente de la prochaine rando. Peaufiner un nouvel itinéraire, poivrer légèrement moins les dénivelés, puis laisser mijoter au four avant de servir à point. C'est meilleur réchauffé !

Double-clic posible sur chaque photo, pour l'agrandir.

(1) Si le sixième qui a préparé la randonnée est atteint d'une appendicite aiguë, vous le laissez à l'hôpital et vous partez à l'aveuglette, si possible même sans carte au 1/25000e !