lundi 30 juin 2008

Oh la la que de convictions !

Il n'est pas de jour où l'on n'entende un journaliste ou un animateur de radio-TV louer les gens de convictions. Pas une biographie, pas une nécrologie qui fasse l'économie de l'expression : "voilà un homme de convictions". Et d'ailleurs bien plus rarement "une femme de convictions" !
Convictions ? Que de bêtises dites en ton nom ... Certes c'est plutôt bien d'avoir des convictions. Pourquoi un maire, un député, un président, s'il n'avait de convictions, serait-il élu ?
Le reproche n'est pas là. Il réside dans la tendance de plus en plus habituelle à ne pas oser dire, nommer et juger les choses. Et alors, à mettre tout dans le même sac : Sarko, Royal, Besancenot, Le Pen, Thibault ou Chérèque, Bayrou et quelques autres ! Que je sache : s'ils ont tous des convictions, ils n'affichent pas les mêmes. Mais c'est tellement simple de célébrer leurs convictions, que cela évite de réfléchir aux valeurs qui les distinguent. Voilà une forme exemplaire du "politiquement correct" servi, chaque semaine, chez Drucker, Cauet, ou autres bateleurs. Mais alors, des convictions pour quoi ? A ne pas mentionner la finalité, à ne pas juger sur le fond, on s'interdit de penser.
C'est comme dans les émissions, les spectacles ou les matchs de foot : "Oh la la que d'émotions !" On s'interdit d'analyser et différencier les sentiments. Et voilà ce mot-valise qui vient tout remplacer ; comme si tout était semblable : la tristesse, la joie, la colère, l'enthousiasme, l'ironie, la mélancolie, et tant d'autres ressentis.
"Ne sentez-vous pas toute cette émotion, mon cher Jean-Mimi ?
Tout à fait Thierry. C'est bien le fond de mes convictions" !
Zarafouchtra

L'audio-visuel en émoi

Tout le microcosme résonne des remous de la réforme de l’audio-visuel, où chacun voit midi à sa porte. J.F. Copé, ravi des décisions du Président, en dépit des entorses faites au rapport de sa commission. A. Montebourg se fait plaisir à trouver des mots excessifs pour masquer des propos convenus sur la mort annoncée du service public.

Derrière la façade, l’analyse est un peu courte. Aussi courte que l’annonce –il y a déjà plus de 20 ans !- par Philippe Léotard du prétendu « mieux-disant culturel » que devait produire la privatisation des antennes publiques d’alors…

Or le débat pourrait nourrir aujourd’hui de nouvelles réflexions, car il se déroule à fronts renversés :

o Sarko et la Droite libérale soutiennent une réforme « au nom de la défense du service public » en supprimant la publicité, tout en taxant les fournisseurs d’audiovisuel privés.

o La Gauche revendique le maintien de la publicité qu’elle n’a cessé de vilipender au nom de l’indépendance et de la qualité du service public ; oubliant que l’audimat était depuis des années l’un des critères de pression, conduisant France 2 notamment à lorgner du côté des paillettes de Bouygues ou de Berluconi !

Ce renversement de position est certes tactique et opportuniste. Sarkozy poursuit sa pêche dans le camp de gauche, pour brouiller les cartes et affaiblir l’adversaire : après les évocations de Blum et Jaurès, l’instrumentalisation de Guy Moquet, après le succès des ralliements à sa cause des Jouyet, Besson, Kouchner, il ne lui déplaît pas de reprendre pied dans l’audiovisuel pour faire oublier sa chute d’image et reconquérir une audience indispensable aux échéances futures.

Pour la gauche, c’est plus délicat ; elle n’est pas en capacité de choisir les cartes. Elle est sur la défensive, avec deux arguments difficiles à manier : la publicité comme garantie de l’indépendance du service public ? c’est l’arme libérale par excellence ; le refus de l’augmentation de la redevance ? c’est l’arme inutilisable dans le contexte de baisse du « pouvoir d’achat » alors que c’est l’un des rares moyens fiables pour conforter et pérenniser une offre publique de qualité.

Au-delà de la tactique, c’est bien pour le pouvoir présidentiel un choix stratégique : organiser et revendiquer l’audiovisuel entreprise publique, à l’image des autres où l’Etat actionnaire principal définit, oriente, incite, autorise et nomme le responsable. En semblant respecter les règles du C.S.A. et la volonté du parlement, mais en fait en reprenant la main, comme au temps de l’ORTF et de la « TV Peyrefitte ».

Est-ce bien sûr que tout parti candidat à l’exercice du pourvoir ne se plairait pas à maîtriser une position analogue ? Les socialistes offusqués aujourd’hui ne seraient-ils pas prêts à se couler dans le moule, comme Mitterrand le fit de la constitution de 1958 après l’avoir tant vilipendée ?

En tout cas, ils sont rares ceux qui osent dire la vérité : ou l’on paie une redevance élevée et l’on peut obtenir la TV publique souhaitée, ou l’on y renonce et l’on a –peu ou prou- une télé de béton ou des berlusconneries à volonté.

Ils sont rares également ceux qui ont tenté de donner une réponse globale. Télérama a édité un excellent dossier sur la question ramassé en dix propositions. Quel homme ou femme politique, quelle contribution actuellement déposée pour le Congrès P.S. de l’automne, osera le reprendre à son compte ? Puis le mettre en œuvre ? A suivre …

Zarafouchtra

Au fil des jours... 12 juin : balade en Pilat

Regroupement d'amis de longue date, pour échanger sur le temps présent. Nos passés de militants demeurent encore notre actualité : les préoccupations sur pouvoir d'achat, la fragilité de la solidarité, les enjeux qui pèsent sur la santé, le travail, bref ce qui n'a pas de valeur marchande dans la société contemporaine !
Et puis juste complément à la réflexion, une balade en liberté dans le parc du Pilat. Qu'il est beau ce parc naturel, et agréable à parcourir ! Créé, je crois dans les années 70, lorsque les premières prises de conscience relatives à la protection de la nature émergèrent dans notre société de pollution, il est le lieu préféré de loisirs et de balades des stéphanois. Notre promenade nous fait entendre les oiseaux et observer les fleurs qui s'épanouissent en cette belle journée de juin. Belle ? Oh oui, malgré quelques nuages passagers et l'air frais de l'altitude. Mais elle était si attendue, après une longue période de grisaille et de pluie. Arrivés au sommet, au pied de l'antenne TV, il reste à plonger le regard sur la vallée du Rhône. Chavanay, Clonas, puis un peu plus loin, Auberives et ses derniers vergers. Le temps des cerises est déjà là, nous irons bientôt en cueillir en famille, pour le bonheur des enfants et des petits-enfants.


Au fil des jours... 5 juin : Briennon

Depuis quelques mois où la réservation était faite, on imaginait le plaisir de la découverte du canal, le calme de la navigation, le soleil entre les feuilles et les chants d'oiseaux trouvant là une réserve naturelle. Le déjeuner avec nos amis lyonnais devait être d'autant plus apprécié que ce cadre en rehaussait nécessairement la qualité gastronomique.
La pluie de ce jour nous accompagna depuis notre départ ; elle fut infatigable, comme la péniche bien nommée qui nous transportait . Pluie sur le port, pluie sur les hublots, pluie sur sur le pont, au point de nous cantonner à l'intérieur où on appréciait la douceur du chauffage. Point de chant d'oiseau, pas de feuillages ensoleillés.
Pluie partout ? Mais non, la découverte Briennon-Melay sur le canal de la Loire fut un moment de grande satisfaction sereine, paisible. Ce jour-là j'ai compris que les Irlandais et autres habitants du Nord, habitués de la pluie fréquente, pussent devenir amateurs des intempéries que nous maudissons la plupart du temps. Le(s) temps change(nt) ?

Voilà qui me rappelle Bob Dylan, repris par Hugues Auffray, il y a bien longtemps ...
"Où que vous soyez, accourez braves gens.
L'eau commence à monter, soyez plus clairvoyants.
Admettez que, bientôt, vous serez submergés
Et que si vous valez la peine d'être sauvés,
Il est temps maintenant d'apprendre à nager
Car le monde et les temps changent."
(Pierre Delanoë, Hugues Aufray "Aufray chante Dylan")

Au fil des jours ... 31 mai La Camargue

Après la grisaille du printemps, le plaisir de la Provence, le soleil et les parfums étaient vivement espérés, le 31 mai serait enfin jour d'été ! Hélas non, plus l'on avançait vers les Saintes Maries de la Mer, plus les nuages s'épaississaient. Le mariage serait-il pluvieux, heureux donc selon l'aphorisme habituel ?
Un bref rayon de soleil osa apparaitre pour permettre des photos contrastées à l'issue de la cérémonie. Dans ce monde où plus rien n'est respecté entend-on si souvent, la météo avait assuré la tradition. Ouf, Clémence et Pierre à jamais reconnaissants !
Mais la Camargue sous un voile de nuages, et un temps de menaçant à chaque instant, s'avéra inattendue, sauvage. Une petite laine pour résister à la fraicheur du vent et tous les invités montèrent dans la charette pour aller vers les parcs découvrir la manade, les gardians, les chevaux ; les bravades des uns, les ruades des autres. Pendant près d'une heure, on assista émerveillés à un ballet de courses, de chevauchées, de démonstration du travail d'élevage, de dressage des taureaux pour les férias. Elégants ces taureaux qui exécutent à la voix et à l'oeil, magnifiques ceux qui se cabrent, sublimes les rebelles comme les chante Maxime Le Forestier. Même le dernier né de la semaine, autant qu'un vieil habitué, fit les parcours avec bravache, résistant non sans mal à la charge de la harde affamée de bravos et de olés !
Et puis ce fut la parade des gardians applaudis, fiers de leur réussite, heureux de faire partager leurs bonheurs, leur estime des bêtes si farouches et si dociles à la fois, juste avant de se retrouver sous ce grand couvert ; là les champagnes, vins, amuse-bouche, et autres patisseries furent servis et tant appréciés. Vraiment ils furent à la hauteur de notre découverte : la Camargue un pays rare, un bonheur éclatant.
On leva les verres, les rires et propos des rencontres élevèrent le ton des voix. Marie-Jo, Jean-Claude, Clémence et tous les autres rayonnaient de satisfaction tranquille. Nous aussi. Alors, s'ouvrit la soirée quand le soleil disparut derrière les roseaux.


Chronique des petits Bonheurs

Au fil des jours... 21 mai - Cannes
Parmi bien d'autres plaisirs appréciés sur grand écran au cours de la semaine, un vrai bonheur au Festival : la projection de "O'HORTEN" du norvégien Bent HAMER. Histoire minimale et sublime d'un retraité qui démarre une nouvelle vie, sans l'avoir préméditée. Pris entre le hasard et la nécessité des évènements, entre conscience et inconscience des choses, entre gravité et loufoquerie, M. HORTEN -ce fils illégitime de Jacques Tati et Francis Blanche-, parcourt désormais les paysages norvégiens sur des rails inattendus et traverse les situations cocasses, pour notre plus grand plaisir. Images magnifiques, rythme tranquille et apaisant, un acteur rare, Baard OWE, modeste, banal mais vrai Prince-sans -rire. Film présenté à Cannes dans la catégorie "un certain regard": bien vu. A voir et revoir donc.

samedi 28 juin 2008

Duos des arbres

Au hasard des découvertes ...
le Duos des arbres, sur le site du Tremplin (commune de Le Bessat -Loire-) est un parcours merveilleux, subtil, mêlant Art contemporain et Architecture au coeur du Parc du Pilat -31 mai/15 juin 2008-.
Informés de ces manifestations, nous avons passé une heure, belle, sereine, créative et émouvante. Le soleil d'ouest transperçait les feuillages et métamorphosait le lieu.
Quoi donc ? une dizaine de sites-cabanes, cabanes-feuillage ou papier, cabanes-musiques et sons, sites-concepts, lieux fantasmés où manger, rêver, dormir ... ; produits de matériaux naturels, produits de récupération ou tout simplement produits de l'imagination.
Double imaginaire : celui des créateurs ingénieux et inventifs, celui des visiteurs, qui au détour d'un chemin ou d'un bouquet d'arbres, dévoilent un nouvel espace à vivre et à rêver.
Quelques photos présentées ci-contre en diaporama tentent d'illustrer ce monde naturel et artificiel, réel et virtuel, éphémère certes mais tant mémorable cependant.
Zarafouchtra

Références :
http://duos-des-arbres.over-blog.com
labo_art_implique@yahoo.fr

vendredi 20 juin 2008

Le Cercle des amis passionnés

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Combien de fois, après une sympathique soirée entre amis, lorsque les plats ont circulé, les verres été vidés et les rires oubliés, j'ai eu le double sentiment de plaisir de la rencontre et d'insignifiance du temps passé ? Oh nul regret : j'ai en tête le souvenir de tant de soirées excellentes, chaleureuses, dansantes, chantantes, amusantes, déguisées ! Mais à cette satisfaction-là pourquoi ne pas adjoindre d'autres modes de rendez-vous et notamment celui de l'échange-débat ? Non pas à bâtons rompus comme c'est couramment pratiqué, mais sur le mode programmé, pensé, voire organisé et rythmé. Tant de choses sont vécues par les uns et les autres, intéressantes, passionnantes, que l'on pourrait prendre le temps de les partager.

Lorsque j'évoque ce que j'ai fréquenté, lu, vécu, -seul ou en couple-, depuis deux mois environ, je vois qu'il y aurait matière à conter, à faire partager. L'émerveillement lors d'expositions, des découvertes de sites et paysages (canal de Briennon, la Camargue, ...), des lectures, des films très divers avec -cerise sur le gâteau- la semaine passée au festival de Cannes, le "Duos des arbres" création artistique au coeur du Pilat, la sortie du livre d'Anne Poiré contant la vie d'un jeune schrizophrène pour mieux dénoncer l'insuffisance de l'environnement médical et psychiatrique, nos indignations permanentes face à l'hégémonie du "people" dans les media, tandis que les actualités chaque jour déversent les enjeux du monde sans que nous prenions le temps de leur donner de l'épaisseur !

Oui c'est cela qu'il faudrait tenter de temps en temps ; se réunir pour donner de l'épaisseur aux choses, grâce au point de vue de chacun, participant à un ... "cercle des amis passionnés" ! Clin d'oeil au "cercle des poêtes disparus" juste pour évoquer ce moment de cristallisation des esprits autour d'un objectif passionnant, et non pour revendiquer un "ô capitaine, mon capitaine" ! Ou bien alors, chacun serait, tour à tour, ce capitaine, expliquant comment dans son expérience, dans son récit, dans son interrogation, dans ses lectures, bref dans ses passions, il y a -il y aurait- pour les autres une pépite à découvrir, un chemin à retrouver.

Si la bouteille jetée à la mer -cf. article "Un blog ... pour quoi ?"-16.06.2008- était ramassée par quelques uns de nos amis, il serait passionnant parfois de changer de registre et de passer des apéros ou petits repas habituels au raffinement des recettes artistiques, humaines, scientifiques, philosophiques même, élaborées par les grandes toques que nous deviendrions tour à tour.

Pari perdu ? gagné ? A nous de le jouer gagnant pendant quelques mois, de le mitonner à notre sauce commune ; il sera bien temps alors d'y renoncer s'il devait s'avérer décevant. Moi, je le jouerais gagnant, bien plus sûrement que le cours de la bourse. Surtout par les temps qui courent !

Zarafouchtra

Un blog ... pour quoi ?

J'ai toujours aimé les chantiers, ceux des immeubles comme ceux des routes. Je me revois enfant grimper sur les tas de pierres, de sable ou de parpaings des chantiers ouverts Adulte, j'ai prolongé ce goût immodéré, admirant les ponts, les ouvrages d’art en tout genre, et peut-être plus encore les échangeurs, les carrefours, les nœuds de communication.

Dans les relations humaines, j’ai gardé le même goût pour les croisements des gens, autant que leurs itinéraires. Le « carrefour », déjà cellule de base de la réflexion coolective quand la « pédagogie de groupes » n’avait pas encore été élevée au rang de panacée, m’a sûrement formé à ce travail en équipes. Le sport également, le syndicalisme sûrement, qui érige la solidarité en vertu suprême.

Aujourd’hui encore, j’aime cultiver cet art de la rencontre où l’esprit de chacun apporte sa contribution à celle des autres. Internet qui en dépit de tous ces défauts, a au moins le mérite de tisser des réseaux, des maillages qui sont autant de carrefours virtuels. Virtuels ? Certes dans la forme et par la technologie, mais néanmoins bien réels, lorsqu’ils lient des personnes qui apprennent à se découvrir, s’apprécier, s’enrichir.

Ce blog là voudrait construire des carrefours, élever des ponts, installer des échangeurs de cultures ;

pour cela :

· Mettre en relation les copains, amis et connaissances diverses, informés et sollicités, à travers les articles émis, puis au hasard des messages qui s'entrecroisent, des portails qui s'ouvrent ou se ferment, des mots qui retiennent opportunément l'attention. Accepter de se prêter au partage de ses lectures, réflexions, cultures, admettre les commentaires, critiques, humeurs même ; sérieux évidemment, mais aussi distanciés, décalés pour n’être pas trop graves. Le réseau de la blogosphère sera le lieu privilégié de cette première étape.

· Réunir le cercle de ces relations, instituer ce carrefour pour partager réflexions, lectures, découvertes, intérêts, passions, indignations, rébellions, causes humanitaires ou simplement humaines, etc., avec l'espoir mince mais tenace que cela pourrait avoir quelque influence sur notre vie – privée ou citoyenne. Cette seconde étape sera à bâtir avec quelques règles élémentaires, mais dans un esprit amical, convivial, festif même. Une fois par trimestre par exemple, une rencontre commune permettrait de faire un « melting pot » de nos richesses partagées et d’en relancer la dynamique.

Inutile de se compter ; il faut se jeter à l’eau avec les proches intéressés ; il y a autour de nous suffisamment d’amis passionnés par les personnes et les idées, les créations, les arts et les critiques, pour autoriser la constitution d’un noyau pouvant faire boule de neige.

«Je jette une bouteille à la mer, messagerie maritime » chantait Claude Nougaro. J’ose la même initiative. Qui d’entre vous sera au carrefour, prêt à lire le message, prêt à entrecroiser les mots, les idées, les sentiments et les espoirs ?

Zarafouchtra

Pourquoi un blog ?

Pourquoi un blog ? Sérieux parfois, blagueur souvent, "blogueur" désormais ... ?

Voilà qui me prend à contrepied, alors que je m'indigne souvent des modes et de leurs illusions.
Créer, écrire un blog, n'est-ce pas participer directement aux effets de mode des technologies et s'inféoder à leur tyrannie ? Quel journaliste, artiste, homme ou femme politique, intellectuel ou non ... ne tient aujourd'hui l'un de ces nouveaux journaux virtuels quotidiens ? On peut penser qu'ils en ont besoin pour continuer à vivre dans le monde des apparences, où l'on existe si le monde parle de vous, si l'on vous voit paraître dans le flux incessant des images.
Mais pour qui n'appartient pas au microcosme médiatique, est-ce bien nécessaire ? N'est-ce pas sacrifier à la même peur de l'oubli ou de la disparition ? N'est-ce pas sacrifier à l'impudeur contemporaine, à l'encontre du journal intime de naguère qui par nature devait rester secret ? A moins que la crainte d'une retraite trop recluse -peu de temps après avoir cessé ma vie professionnelle- m'incite à m'ouvrir par la technologie à un monde nouveau, sans limite, substitut de celui que quotidiennement je ne rencontre plus ?
La vie est principalement contacts, rencontres, confrontations et l'exercice de la profession les renforce. Ne doit-elle pas le demeurer encore, même quand le métier cesse ? Finalement le blog n'est-il pas -ou ne peut-il pas être désormais- une autre manière de vivre une vie sociale renouvelée ?
Admettons-en l'idée, au moins provisoirement ... et, ainsi rasséréné de bonne (ou mauvaise) foi, "bloguons" sans vergogne !

Zarafouchtra

Zarafouchtra ?

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Le « personnage » est à l'image de "Janus bifront" pensent les uns, du signe des "Gémeaux" disent les autres... La complexité, plus que la dualité, est le principe qui guide le monde autant que le mien. Proximité et distance, simplicité et distinction, spontanéité et maîtrise. Passionné ou réservé, "intello" pour certains, "proche des réalités" pour d'autres, festif, convivial ou sérieux, disert ou réservé parfois, ordonné, rigoureux, respectueux selon le besoin, rebelle souvent. Dyonisiaque un temps, élégiaque un autre. Unitas multiplex.
Professeur pendant une longue carrière : lettres et philosophie, fondements de la construction de soi, fragile contribution à la liberté de chaque élève. Militant associatif et syndical : la solidarité est essentielle et le monde à venir trop incertain pour le laisser aux seuls experts ; ainsi le social et le politique ont été mon quotidien durant des années, pour instiller un peu de justice et de progrès.

Enfin proviseur de lycée professionnel et technologique ; métier d'artisan aux nombreuses facettes : animateur d'équipes, pédagogue voire psychologue, décideur, gestionnaire, diplomate, constructeur... mais toujours responsable ultime. Belle et riche expérience de confiance réciproque avec des hommes et des femmes de qualité.

Amateur de mots, d'idées, d'essais, de lectures ; passionné de sports, de balles, de vélo, sans crainte des maux de rein ni des vols planés inopinés.

Et encore passion de paysages, de campagne, de fleurs, de délices des jardins autant que "du jardin des délices" de Jérôme Bosch, des couleurs de Matisse ou des fractures humaines si manifestes chez Picasso.

Et puis aussi la musique, toutes les musiques : percutantes, lancinantes, fugitives ou roboratives, douces ou endiablées, rock, classiques, contemporaines même ; il suffit qu'elles soient émouvantes, qu'elles touchent le corps, le mettent en mouvement et rythment la vie ; qu'elles touchent l'esprit, évoquent le pathétique, la spiritualité, le sublime, élèvent au plus haut. En ce cas, quelques mesures de Mozart ou trois pages architecturées de Bach sont indépassables !

Sans oublier le pilier fondé sur l'affection, l'amitié, l'amour qui m'entourent. Mari, père et grand-père entouré de T., des enfants et petits-enfants, de très nombreux amis et copains. Essentiel, mais là, jardin secret... rideau !

Bref, aujourd'hui je cultive ces jardins divers, je cultive mes multiples pensées, pour le plaisir et la passion d'une incessante polyculture.
Ainsi écrit Zarafouchtra,
à la fois fasciné par l'appel à la vie du prophète nietszchéen et proche du paysan auvergnat pour qui "fouchtra" s'élève au rang de protestation nécessaire mais désenchantée.
Zarafouchtra